Tous les joueurs de MMORPG ou presque ont déjà tenté de rejoindre un bêta-test, cette période durant laquelle un jeu est suffisamment avancé pour être jouable (presque), mais pas suffisamment finalisé pour être commercialisé. Le jeu est alors ouvert à un nombre limité de joueurs, pouvant découvrir un MMO en avant-première, mais devant aussi, en principe, traquer les derniers bugs et aider les développeurs à assurer des tests « en conditions réelles ».
Bien souvent, durant cette phase hybride, les testeurs sont tenus d'accepter un NDA (pour Non-Disclosure Agreement), une clause de non divulgation ou de confidentialité plus ou moins stricte, plus ou moins contraignante, interdisant de révéler le contenu du bêta-test, voire le simple fait d'être ou non bêta-testeur « pour éviter les tentations ». Et à chaque annonce de sortie de MMO, ces clauses de confidentialité font débat. Au-delà d'interrogations récurrentes sur leur utilité réelle ou supposée, on peut se demander si elles respectent la loi. On peut se demander si elles sont opposables aux bêta-testeurs, voire à la presse.
Rôle et utilité des clauses de confidentialité ?
Très classiquement, une clause de confidentialité sert à imposer le secret sur un produit ou une activité. Les clauses de non divulgation ou de confidentialité sont parfaitement reconnues par le droit et très largement utilisées dans de nombreux secteurs. Et dans l'industrie du jeu comme ailleurs, les secrets de fabrication d'un MMORPG n'ont pas vocation à être dévoilés à la concurrence.
Dans le cadre d'un bêta-test, un éditeur de MMO cherche-t-il à protéger ses secrets de fabrique, l'originalité de son gameplay ou ses features inédites ? Sans doute, mais à l'évidence, pas seulement. Par définition, un jeu massivement multijoueur en phase d'alpha, voire de bêta-test, est encore en développement. On comprend aisément qu'un développeur qui consacre plusieurs années et souvent quelques (dizaines de) millions d'euros à la réalisation de son jeu ne souhaite pas qu'un bêta-testeur trop bavard en fasse une (mauvaise) publicité sur la base d'un produit inachevé, sabote les effets d'annonces du développeur ou parasite un « buzz » parfaitement orchestré... au point parfois de rendre certains développeurs tatillons.
Le fameux « NDA » peut donc rapidement devenir un outil marketing : les uns cultiveront le secret pour attiser la curiosité du public et entretenir l'aura d'exception du produit (suffisamment rare pour mériter qu'on en protège juridiquement les arcanes - c'est ce que fait ouvertement Coca-Cola depuis des années avec la recette tenue secrète de sa boisson). Pour d'autres, les clauses de confidentialité sont maintenues afin de cacher les lacunes d'un produit (un manque de contenu, des erreurs de conception, une configuration nécessaire au bon fonctionnement du jeu exorbitante, etc.).
Bien loin de faire des généralités mais fort de son expérience, le joueur de MMORPG aguerri a néanmoins aisément l'intuition que plus le fameux NDA est levé tôt (plus les testeurs sont libres de partager leur expérience), plus le contenu final du jeu est susceptible d'être conforme à la communication de l'éditeur... Et a contrario, qu'il faut peut-être être plus vigilant à l'égard d'un titre qui entretient (trop) le mystère même quand la date de lancement du jeu approche.